On oppose généralement le professionnel à l’amateur. Le professionnel travaille. L’amateur vit un loisir. Le professionnel crée de la valeur par sa production. L’amateur se fait plaisir, il s’adonne à ce qu’il aime.
S’en suit une série de présupposés sur la qualification, la qualité de la production, la reconnaissance sociale accordée, etc.
Le professionnel et l’amateur forment ainsi une paire indissociable où les deux termes se définissent l’un par l’autre : une dyade. Et cette dyade renvoie à d’autres dyades.
Au sein de ce système, si une personne n’intervient pas dans le cadre d’une activité rémunérée et protégée par le cadre officiel et légal du travail, elle est de facto considérée comme un amateur. C’est le sort actuel des contributeurs, quelle que soit leur qualification, quelle que soit l’importance de leur apport et quel que soit le temps qu’ils consacrent à leur activité.
Reconnaître l’activité contributive bouscule ce système symbolique et institutionnel. Il faut désormais distinguer le travail, de l’activité contributive de l’amateurat. Le travail ou l’activité contributive produisent un bien ou un service utile et nécessaire et, à ce titre, ils peuvent être délégués. L’amateurat ne peut pas être délégué. L’amateurat est une activité que l’on exerce pour soi-même, pour son bien personnel, pour son épanouissement, pour son plaisir, etc.
Ça n’a aucun sens de demander à quelqu’un d’aller faire du yoga ou de dessiner ou d’assister à un match de foot à sa place. En revanche, n’importe qui d’autre peut faire mon travail ou mon activité contributive, s’il en a plus ou moins les capacités. On peut être remplacé à son poste de travail et on peut être remplacé à son rôle de contributeur.
Et tous les contributeurs ne trouvent pas du plaisir et de l’accomplissement personnel dans leur rôle. Pensons aux proches aidants ou aux parents au foyer. Ils sont des contributeurs, ils ne sont pas des amateurs heureux.
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