Digital labor peut être traduit en français par « le travail numérique » ou « le travail du numérique » mais l’expression est alors trompeuse car elle renvoie aux personnes employées par la filière numérique. Or, tel n’est pas le sens du digital labor.
Le digital labor renvoie à l’activité productive de l’usager du numérique : nous installons les divers logiciels et applications de nos ordinateur, nos téléphones ou nos consoles diverses, nous en assurons la maintenance, nous apprenons les interfaces des services publics et commerciaux, nous effectuons une partie des tâches auparavant effectuées par les travailleurs des entreprises ou de l’État au travers de la saisie d’informations, de l’aide aux usagers, de la résolution de problème, de la création de contenus, de l’indexation, etc. Nous laissons des avis, 5 secondes ici, 1 minute là. Nous créons des posts, des images, des vidéos, des commentaires, etc. Et nous n’avons plus le choix.
Les données sur le temps que nous coûte et le stress que génère le digital labor n’existent pas. Elles n’ont pas encore été étudiées et recueillies. En recoupant des sources d’information diverses, une estimation symbolique et en dessous du réel a été produite dans l’Étude sur la mesure de l’activité contributive des Français.
En France, au bas mot, notre digital labor représente l’équivalent de 1,2 millions d’emplois, soit quasiment le double du nombre d’emplois créés par la filière numérique française. Mais ces emplois ne servent pas prioritairement l’économie française mais l’économie américaine et leurs grandes entreprises du numérique… On peut donc parler d’une nouvelle forme de « colonisation », d’exploitation des ressources de notre corps social, à notre détriment, et au profit de l’industrie américaine.
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